7 août-7 septembre 1983, Pékin
De nouveau en Chine.
Après une entérocolite aiguë, qui semblait ne jamais finir, (au désespoir de Nina, qui me cousait des pantalons qu’elle fallait sans cesse refaire, car à chaque essayage elle voyait que j'avais encore maigri : "mais arrête-toi ma fille"...) et après avoir pleuré comme il faut samedi soir (je ne sais plus pourquoi) plus stressée que jamais à cause de ce départ et faisant de mon mieux pour me calmer, me voilà enfin de nouveau dans un IL, je ne sais pas combien, en direction de Pékin.
Heureusement, dès les premiers instants je me suis retrouvée dans une bien meilleure situation que la dernière (ou plutôt la première) fois : toute seule, parmi un groupe de jeunes Français (à côté de moi une fille avec son mari) et quelques Italiens bruyants. Aux premières places, quelques grandes légumes de chez nous, un autre Roumain à l'arrière et c'est tout !
Pour commencer, tout le monde pensait que je suis française.
Les discussions ultra-super: comme Roumaine et comme quelqu’une qui a déjà visité la Chine, je devienne immédiatement le centre de l'attention.
Pas pour longtemps, car on préfère dormir, vu que, malheureusement, l'Himalaya est presque tout le temps couvert de nuages. Mais le Golfe Persique est comme toujours incroyable : il n’y a aucune crise énergétique dans ce Koweït ou quel autre émirat serait en dessous de nous...
Karachi a complètement changé. On me dit que l'ancien aéroport a brûlé. En tout cas, l’aéroport que je vois est entièrement refait: le tapis de prière est maintenant beaucoup plus petit, caché quelque part dans un coin de la salle d’attente, les gens sont généralement bien habillés: même sans la visite précédente qui m'aurait éventuellement habitué à cette ambiance, il n'y a plus rien de choquant...
J'arrive enfin à Pékin. Ici aussi, un autre monde ! Un aéroport ultramoderne, des escaliers et des tapis roulants, les maisons en terre cuite que je voyais par les fenêtres ont disparus, un tunnel nous mène directement de l'avion dans le hall de l'aéroport... Du jamais vu!
Je me débrouille seule, car plus personne ne m'attend aux bagages...
Au lieu de cela, à la sortie, deux gars évidemment roumains. Je me dirige vers eux et quand ils me voient ils commencent à me faire des signes, donc c'est clair : c’est moi qu’ils attendent ! Ils me montrent ce que je dois faire- ce qui, soit dit en passant, s'avère être faux, car avec leurs conseils mes visas d’entrée sur le territoire chinois sont déjà sur mon passeport, même si je n'ai pas récupéré encore mes bagages.
Ica et Puiu.
Stoican apparaît lui aussi (le représentant de l’Electronum, la chambre de commerce, je découvrirai son nom plus tard) qui me dit que Margareta (?!! À vrai dire maintenant je n'ai aucune idée qui sont tous ces gens dont je parle dans mon journal!!!), qui aurait dû m'attendre à l'aéroport, est avec la délégation des grosses légumes et l'ambassadeur.
Je vois donc aussi l'ambassadeur, Angelo Miculescu, avec un chariot de bagages dans les mains : gentillesse ou servilisme ? Plus tard je verrai qu'il est vraiment extrêmement gentil. Conclusion: gentillesse !
Je pars avec Puiu et le chauffeur de l'agriculture sur un ultra-super boulevard vers l'ambassade : c'est comme si je n'avais jamais quitté la Chine !
A l'ambassade, une ribambelle de personnes vient à ma rencontre, j'ai le vertige, je n'ai pas de bagage combien de mains se tendent pour me les prendre. On m'emmène dans une chambre de l'hôtel (deuxième étage, je pense que c'est celle où Rodica a séjourné en 79), on m'informe qu'il n’y a pas d'air conditionné dans cette chambre, mais que c’est provisoire, seulement pour une nuit, je suis totalement confuse, mais vite laissée seule pour défaire mes bagages, (les dessous étant trop visibles dans ma valise), après quoi je donne à tout le monde les lettres et les colis de leur proches, après quoi du coup je me retrouve seule, sans aucun but dans la vie !
Je commence à déballer encore un peu, (si je déménage demain ça ne sert à rien de tout déballer) et je constate les dégâts : la montre est pleine de shampoing (car cette fois j'ai pris soin d’apporter un réveil), alors je la mets sous le jet d'eau pour la laver. Le pot de confiture est cassé, alors je descends à la poubelle pour le jeter (mais pas avant d'avoir inauguré ma tenue maison, d'ambassade, c'est-à-dire la robe à petits carreaux bleus et à bretelles).
Sandu Calinescu vient me voir et il m'invite dans sa chambre (c'est à dire vis à vis) où il y a l'air conditionné – il m’offre un whisky - c'est ainsi que commence mon deuxième séjour en Chine, où, dans les relations directes, les Roumains vont compter plus que les Chinois: cette fois, je ne me ferai pas des frères chinois, mais, je l'espère, des amis roumains, parmi des collègues de l'IIRUC, ITC et la fabrique d’ordinateurs.
Une période d'un mois de rires presque continus, dont je ne relaterai ici que ce qui a un rapport avec le peuple chinois ami!
Parce que ce n'est pas mentionné dans l'agenda, cela signifie que je n'ai pas eu un banquet de bienvenue.
Quant au Centre de Calcul, comme d'habitude, une salle pour les cours, plus une salle pour les pauses, avec quelques fauteuils et un thermos avec de l'eau chaude pour le thé chinois posé sur une table.
Nous sommes au Centre de Calcul de l'Académie des Sciences Agronomiques., mais, contrairement au cours de 1979, pour la pause déjeuner, cette fois nous n'allons pas à l'ambassade, mais traversons la cour pour aller à la cafétéria, le déjeuner étant compris dans le contrat.
Et quel déjeuner !!!😍
Et puisque nous parlons de la pause déjeuner, en Chine c'est pratiquement un droit constitutionnel, pour ainsi dire. Plus que ça, au déjeuner tous les chinois se couchent partout où ils le peuvent et il n'est pas rare de voir un homme allongé sur un banque ou même un rondin, par exemple...
dans la photo si-dessus moi je fais semblant!
Dès le début, je dois mentionner que toutes mes promenades, seule ou avec mes collègues roumains, (et j'ai revisité tous les endroits que j'aimais bien la dernière fois !) étaient accompagnées du chant des « cârcâieci », c'est-à-dire des grillons et des cigales...
La première excursion, avec mes collègues, était à Beihai, avec le lac plein de lotus en fleurs : c’était seulement maintenant que j’ai pu vraiment voir des lotus, car la dernière fois ils n'avaient plus des fleurs.
On monte un pont avec des petits lions jusqu'à la Pagode Blanche, qu'on ne peut malheureusement pas visiter,
on descend parmi des rochers, grottes et tunnels, à côté d'un restaurant près de l'embarcadère - de nombreux couples de chinois sur des bancs isolés, deux jeunes dans une barque, un garçon et une fille. Puiu appelle le garçon, " Gica..." et lui fait signe pour lui dire que nous voulons qu'il nous fasse traverser le lac de l'autre côté, pour éviter de faire le tour sur le bord, ce qui nous aurait pris plus de temps et d’énergie.
Ni une ni deux, "Gica" laisse la fille sur le rivage et nous voilà dans une barque archaïque, avec quelques rames rongées par l'eau et les années, en espérant qu'il sait ce qu’il fait notre Gica, car moi, de toute façon, au cas où, je ne savais pas nager… Une fois arrivés sains et saufs de l'autre côté, Gica reçoit sans sourciller l'argent que lui donne Puiu, une autre preuve que le peuple chinois est en pleine transformation...
Nous poursuivons notre chemin vers la muraille aux neuf dragons, (un paravent de près de 27m de long et de près de 7m de haut, décoré sur les deux faces de bas-reliefs en tuiles vernissées, représentant des dragons de différentes couleurs), parmi des pavillons aux noms de méditation et/ou célestes , (exemple : „temple de l’interprétation du bonheur" 阐福寺, ou "frontières bouddhiques du paradis de l'Ouest"» 西天梵境, ) et à travers des lieux insolites, magnifiques mais inaccessibles, (par exemple, le jardin et le lac du temple Xioxitian), nous reviendrons les voir une autre fois, sans plus de chance, hélas..
Au lieu de cela, nous avons tout de même pu visiter le jardin botanique et surtout, à proximité immédiate, le superbe jardin Jingxinzhai, (镜清斋), célèbre "parc dans le parc" de style Jiangan de 4000 mètres carrés, avec un lac avec des poissons rouges, des rochers et des pierres aux formes intéressantes, reproduisant des scènes de la nature et entouré de pavillons, de couloirs, de passerelles et de ponts, le tout disposé de manière artistique, avec le savoir-faire typiquement chinois..
Puis, vers la partie nord du parc, nous traversons un dédale de pavillons tortueux et colorés, comme dans les films avec le Shaolin et le Kung Fu, qui nous conduisent, en sautant par-dessus des rochers escarpés, jusqu'à un couloir semi-circulaire au bord du lac. Dans notre course d'un pavillon à l'autre, nous surprenons souvent des jeunes Chinois dans des positions intimes, ce qui était impensable il y a encore quelques années.
Voici déjà un changement, par rapport à ma visite en 1979, outre la tenue des gens elle-même, car ils ont visiblement renoncé aux uniformes Mao... Pour le reste, cette fois je n'ai jamais vu de Chinois faire de la gymnastique à l’heure H, mais, dès le premier jour, j’ai vu un Chinois faisant le grand écart sur un arbre, et puis ça et là des Chinois dans diverses positions de Tai Chi dans des lieux plus ou moins publics.
Enfin, cette fois j'ai aussi vu enfin des vieilles femmes aux petits pieds : les effets du bandage ! Les pauvres, contraints qu'elles sont désormais de travailler, ne faisant plus partie de la "classe dominante", car, si j'ai bien compris, les pieds bandés, symbole de féminité, de richesse et de distinction, étaient généralement pratiqués chez les riches.
Et comme je suis au chapitre "j'ai vu", je ne sais pas comment les Bouddhas sont représentés en Inde, mais tous les Bouddhas que j'ai vus en Chine ressemblent plus ou moins à des gros Chinois que j'ai rencontrés dans la rue. Peu de Chinois sont gros, j’en conviens et je ne pense pas que seule leur gymnastique quotidienne est en cause...
Après une nouvelle et fatigante visite à travers Bei Hai, nous avons également visité le parc Jingshan, sur la colline formée à partir de la terre excavée lors de la construction du palais impérial. Laquelle colline, on ne sait pas pourquoi, on l'appelle la colline du Charbon (parc Jingshan景山公园). Nous sommes montés jusqu'au pavillon Wanchun au sommet de la colline, afin que nous puissions, comme tout un chacun, admirer la vue sur Pékin et surtout sur le palais d'hiver d’en face.
Et puisque nous parlons du Palais d'Hiver, c'est tout naturellement que je l'ai visité à nouveau, même à deux reprises et à loisir, plus précisément ce qui était visitable, car certains secteurs que l'on peut voir sur le plan depuis cette adresse étaient fermés à l’époque.
Et le trésor seul, je l’ai bien sûr visité autant de fois qu'il le fallait ! Et je l'ai vraiment aimé, encore plus que la dernière fois. Même s'il faisait très chaud dehors, et le palais lui-même, (dont l'architecture est décrite ici https://www.merveilles-du-monde.com/Cite-interdite/Architecture-de-la-cite-interdite.php) bien plus sale (les Chinois crachent partout, etc... donc, avec toute ma sympathie, j'accepterais qu’ils augmentent le prix du billet d'entrée à des valeurs inabordables) beaucoup plus encombré (au trésor, à un moment, il m’a fallu un effort de volonté pour continuer la visite : je n'avais plus de l'air !) et mal entretenu : les objets sont plus poussiéreux et sales...
En effet, vu le nombre d'objets (plus d'un million), on peut les comprendre. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la vocation de tous ces pavillons, aux portes et fenêtres en bois laissant passer la poussière, n'était pas de devenir des musées.
Quoi qu'il en soit, d'après ce que j'ai pu lire maintenant sur Internet (quelle chance nous avons que cela existe !!!), la situation n'est plus la même que l'année de ma visite en 1983, et des méthodes nouvelles sont continuellement recherchées pour améliorer l'entretien et la présentation des objets exposés.
Et puisqu'on parlait de "méthodes d'entretien", une information insolite : dans ce palais, ainsi qu'au Louvre ou à l'Ermitage, environ deux cents chats vivent dans un grand confort et étant choyés, car plus que nécessaires, à cause des rats!
Quant au nombre et à la valeur des objets exposés, en passant d'une salle à l'autre je pensais sans cesse au fait que ce trésor ne représente qu'une petite partie de l’ancien trésor impérial, sachant que la plus grande partie a été transportée par Tchang Kaï-chek à Taïwan et qu'en plus, dans la confusion générale de la retraite, alors que plus de deux millions de Chinois tentaient de fuir devant l'armée communiste, une partie de ce trésor, qui représentait des pièces d'une valeur inestimable des palais de Pékin, mais aussi des musées d'autres villes, a disparu sans laisser de trace...
Et pourtant, ce qui est maintenant exposé dans le musée du palais impérial est plus qu’impressionnant et dépasse l'imagination.
Pour résumer, dans la Cité interdite, il y a plus de 9 000 pavillons, plus d’un million de pièces étant exposées non seulement dans le musée du trésor, mais aussi dans les pavillons privés, les salles d'étude et autres cours intérieures.
Au musée du trésor, les collections sont généralement réparties par types d'objets : céramiques peintes, jades, bronzes, peintures, calligraphies, porcelaines et cloisonnés, objets d'art, sculptures, laques, etc.
Déjà, pour commencer, j'ai revu ces "cloches" dorées qui m'avaient intrigué la dernière fois, ne sachant pas ce qu'elles représentaient. Je les ai retrouvées, mais en bronze, au Temple du Ciel, dans une sorte d'instrument de musique...
J'ai pu admirer avec plus de compréhension la multitude d'objets exposés, les pagodes de pierres précieuses et de perles incrustées d'or dans lesquelles trônent des statues de bouddha et de bodhisattva, les bijoux et tous autres objets précieux en cristal, or, argent, laque, de jade et même la cire d'abeille sculptée, avec des incrustations d'émeraudes, de perles, de rubis, d'améthystes et de lapis-lazuli, des bonsaï en or, en argent, en corail ou en ivoire, utilisant de l'émail, des perles ou des pierres précieuses pour créer de beaux paysages, reflétant le savoir-faire et le goût esthétique de générations d'artisans.
Et puis tous les objets en jade, la pierre fétiche des empereurs chinois, considérée, ainsi que l'or, comme un symbole du paradis. A commencer par l'emblématique chou chinois sculpté dans le jade, avec une sauterelle, ou un insecte présent sur le "côté vert" du chou, porte-bonheur de multiples façons, garantissant l'harmonie familiale et le bien-être. En continuant avec d'autres vases, pendentifs ou bols avec les indispensables dragons, pour finir avec les roches de grandes tailles sculptés en trois dimensions, représentant avec une minutie extraordinaire des scènes de vie et des paysages réalistes, ou des scènes inspirées de diverses œuvres classiques chinoises, en utilisant les caractéristiques des roches avec un goût et une précision artistiques impressionnants.
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Et l'exposition de céramiques et de porcelaines, ou la non moins impressionnante exposition de peintures et calligraphies chinoises d'une beauté mystérieuse.
Et aussi le trajet par la partie orientale du palais, à travers des lieux pas encore restaurés ni aménagés, avec de pavillons des concubines ou des eunuques.
J'oubliais la fatigue, la chaleur et la poussière, étourdie par tout ce que je voyais, essayant d'imaginer la vie de tous ces empereurs avec leurs impératrices ou concubines et eunuques qui couraient ça et là...
Pour être honnête, malgré l'élégance des pavillons et la splendeur des objets, je ne pouvais pas dire que je les enviais. Et encore moins, si je peux me permettre, les autres Chinois hors de la cité interdite, contraints de vivre entassés dans des maisons dont la hauteur ne devait pas dépasser celles des bâtiments du palais.
Mais malgré ces pensées, malgré la chaleur et la fatigue, j'aimais me promener dans le palais et en général dans les parcs et les rues de Pékin: la route de l'entrée du palais impérial à l'hôtel de Pékin, bien que fatigante (plus de deux km) je l’ai refait plusieurs fois, toujours avec le même plaisir: la porte Tian An Men, avec l'immense place en face, puis le palais du musée d'histoire et d'autres bâtiments dont j'ignore la destination, et moi, seule parmi les peupliers, les saules et les acacias, à côté du mur rouge qui délimite le palais et puis le Parc Culturel du Peuple (avec le temple des ancêtres impériaux) et l'actuel parc Ciangpuhe...
L'entrée, après la fatigue de ces promenades, les pieds pleins de poussière, à l'Hôtel de Pékin, était savoureuse : la climatisation, le luxe des tapis où les pieds s’enfonçaient avec délice, des boutiques qui étalaient leurs marchandises à des prix exorbitants, dans le vague espoir que les touristes étrangers voudront daigner de les acheter, l'élégance des bars, puis, au final, la bière à l'une des tables, avec des individus de toutes les nationalités grouillant autour, la montre SEIKO au-dessus de la réception, avec les heures de toutes les capitales du monde, puis le bassin aux poissons multicolores (havuz , devrais-je dire, car je me croyais vraiment dans 1001 de nuits) les étagères et la vitrine pleine de bijoux du magasin d'en face, tout donnait une impression de luxe, d'exotisme et de cosmopolitisme qui me détendait instantanément.
Je me sentais comme un nabab, une impression renforcée par l'argent encore non dépensé dans mon sac, brillamment conçu et réalisé par Nina.
Le bus 1 ou 4 pris juste devant l'hôtel, trois très longs arrêts (3 ou 4 km) jusqu'au Friendship store, puis une marche à pied jusqu'à l'ambassade, devant le parc Ritan, venaient, je ne sais pas comment, renforcer cette impression et vous faire vous sentir quelqu'un d’important
A condition de ne pas croiser au magasin du Frienship, ou au bar, les femmes de chambre, ou les portiers de l'ambassade, etc... qui vous ramenaient illico presto les pieds sur terre !
Un autre jour, j’ai visité à nouveau le musée d'histoire, cette fois avec mes collègues roumains : intéressantes ces visites où nous ne sommes pas accompagnés par de Chinois : le fait qu'on ne peut pas toujours comprendre ce que représentent les objets exposés, à cause de l'absence d'inscriptions écrites dans une langue accessible, me semble compensé par la manière dont se déroule la visite.
Le musée compte 48 salles sur plusieurs étages et une collection de plus d'un million d'objets qui témoignent de l'évolution continue de la civilisation chinoise depuis 1,7 million d'années, du premier homme du Yunnan à la fin de la dynastie Qing (la dernière dynastie impériale). .
Cette fois la visite se déroule sans hâte, avec l'émotion des découvertes intéressantes et de la marche vers l'inconnu, même si l'errance dans le labyrinthe des salles de cet immense musée est encore en grande partie exclue, grâce aux cartes.
Et si je ne peux pas raconter des scènes d'émotion intense, comme lors de la visite en 1979, parfois on rit de manière incontrôlable à toutes sortes de choses que l'on voit. Par exemple, devant un moulage d'homme préhistorique (Homo erectus pekinensis) il y a un chinois qui lui ressemble parfaitement (remarque de Puiu)... D'ailleurs, il n'y a plus l'exposition Zhou Enlai, seulement quelques salles avec l'histoire récente de la Chine, y compris la révolution communiste.
Le changement s'est donc produit des deux côtés : non seulement les Chinois ont changé, mais aussi nos relations, ou du moins les miennes, avec eux. Je ne suis plus aussi impressionnée ni aussi tendue, pour ne pas dire effrayée, comme en 1979.
Et encore. L'incident suivant montre que ni eux ni moi ne sommes pas aussi "changés" que j'aurais pu le penser...
La scène a eu lieu après une visite au palais d'été avec Viorel et Luci, visite pendant laquelle j'ai fait la maligne en les conduisant comme une experte sur les chemins les plus courts, parmi les rochers, les couloirs, les pavillons et les escaliers jusqu'au temple appelé "La mer de sagesse" (Zhìhuìhǎi , 智慧海) avec plus de 1000 bouddhas incrustés sur le mur extérieur. (cette fois les têtes n’étant plus cassées : auraient-elles été réparées ?!).
Dans ce temps, je remarque que l'autre moitié du parc s'est également ouverte, avec une vue magnifique sur la pagode de porcelaine (Pagode de verre Duobao 多宝琉璃塔) et les merveilleuses tours vernissés du temple des quatre régions (Xiangyan Zongyin Zhige 香岩宗印之阁), parmi lesquels se détachent deux tours avec une sorte de croissant au sommet, qui me font penser à un temple musulman, mais en fait c'est la représentation d'une des quatre régions (continents) de la religion bouddhique.
Je trouve comme un guide compétent, parmi des souvenirs apparemment gravés à jamais dans ma mémoire, le merveilleux et bien nommé jardin de l'harmonie, le Jardin des Jardins, Xiequ, 者趣园.
Pendant ce temps je voulais aller aux toilettes, mais l'expérience d'une collègue (c'est vrai, c'était en 1979) dans les toilettes du palais d'été, sans portes et avec des visiteuses chinoises qui regardaient curieuses voir si les femmes européennes sont coulées dans le même moule, m'a déterminé à quitter au plus vite les lieux et aller vers l'hôtel de l'ambassade.
Me voilà donc, après d'innombrables péripéties, au bout du bus 101, sans carte et essayant désespérément de me faire comprendre, sans grand succès, car au grand étonnement des chinois qui m'écoutaient, je disais que je cherche un melon. Oui, en essayant de prononcer, en chinois, comme mes élèves m'avaient appris «l’ambassade de Roumanie » (Luómǎníyǎ dàshǐ guǎn) , j'ai prononcé «Roumanie le melon » (Luómǎníyǎ tiánguāà)! Ah, mon oreille musicale !
Il faisait déjà nuit et j'étais vraiment perdue, dans une ville avec je ne sais pas combien de millions d'habitants qui ne comprenaient absolument pas ce que je voulais ! Au final j'ai abandonné l'idée de l'ambassade, je me suis assise sur le trottoir entourée de pas mal de Chinois bienveillants qui voulaient m'aider et j'ai sorti une feuille de papier sur laquelle j'ai écrit Friendship store. Un jeune homme du groupe de spectateurs s'est approché de moi en me répétant sans cesse « Comme with me, I know, I know » ! Ce à quoi, méfiante, je disais en roumain, car de toute façon ce n'était plus important dans quelle langue je parle, "où dois-je aller avec toi, mon garçon". A quoi lui, sans broncher, répétait :"Comme with me, I know, I know ".
Le pauvre, il avait de bonnes intentions, comme il s'est avéré plus tard, mais portée ici et là par toutes sortes de gens, je me voyais circulant à travers Pékin toute la nuit en bus (au mieux). Au final, je suis arrivée à la maison après environ deux heures, tel que je n'ai plus eu besoin des toilettes (s'était-il dissous dans le sang ?!) Et après une douche, plus que nécessaire, etc... j'ai bu la meilleure bière de ma vie !
La scène avec le jeune chinois, mémorable d'ailleurs : c’était un jeune vendeur de l'hôtel de l’Amitié, (à côté du centre d’informatique où je travaillais) il se débrouillait en anglais « come with me with 28 ». Pourquoi aller en bus, quand l'ambassade ne doit pas être trop loin ?! "où dois-je aller avec toi, ça fait déjà deux heures que je marche, je veux un taxi, je ne vais pas passer toute la nuit comme ça" ! Je m'assieds sur le trottoir (au bout des bus 101, 28, etc...) Je prends un stylo et du papier et dessine : regarde, voici la place de Tian An Men, voici le boulevard, voici le Friendship Store, « oui, je sais, on y va, viens avec moi »... Je n'avais nulle part où aller, alors je l'ai suivi dans le bus. Là il a commencé à tenir une sorte de conférence, expliquant aux voyageurs quelque chose, après quoi, se tournant vers moi, il me demandait d'où je viens, quand je suis venu, quand je pars, etc... Racontant mes réponses aux autres.
Après seulement un ou deux arrêts je suis descendue à côté de Friendship, où il m'a soudainement quitté et a traversé la rue sans se retourner, comme s'il avait peur d'être vu avec moi...
Samedi 20 août party à l'ambassade en vue de la fête nationale. J'invite l'ambassadeur à la danse et pour dépasser ma timidité, je lance la discussion en disant "vous savez, je suis très émotionnée, c'est la première fois que je danse avec un ambassadeur"... après quoi nous avons discuté pendant tout le temps, à propos de la vente d'ordinateurs, de la relation avec les coursants chinois, de notre logement dans les hôtels de l’ambassade, ... etc... cool...
Le 23 août, la fête nationale. Notre bénéficiaire nous a organisée une visite dans un monastère récemment inclus dans le circuit touristique, les temples Fayuan Si : trois heures de route (le chauffeur s’étant égaré) et 15 minutes de visite et bien sûr sans aucune explication et aucun panneau indicatif, puis rapidement le retour, car nous étions attendus pour le déjeuner. Entre parenthèses, il faut dire que, contrairement à 1979, cette visite c’était la première visite qui nous a été organisée et le banquet aussi c'était le premier banquet ! Mais quel banquet !!!
Nous avons eu un repas tout simplement exceptionnel au Peking Duck, sur Le Petit Paris. Une entrée obscure dans un petit palais avec du marbre au sol, etc... Par contre, mieux vaut de ne pas regarder par la fenêtre : la vue étant très laide...
Les mots chinois „Cam Bei” sont l’équivalent du „noroc” en roumain et donc „bonne chance” en français, mais les mots „cam bei” tels quels en roumain signifie „tu bois un peu trop”...d’où les blagues inhérentes. D'autant plus que le peuple ami, en l'honneur du 23 août, ne cessait de trinquer en nous disant qu'il faut ramasser la neige devant la maison, c'est-à-dire vider les verres ...
Heureusement qu'ils sont petits leurs verres... Mais quand même...😕
Le soir, nouvel banquet, cette fois avec l'ambassade.
Comme d'habitude : à 16h30 on apprend qu'à 17h on doit être devant l'ambassade pour aller à un autre banquet, offert par le gouvernement chinois.
En fait, la rencontre n'a pas eu lieu devant l'ambassade mais à l'intérieur, où l'ambassadeur nous a instruit : „ce n'est pas un banquet mais une action en l'honneur de l'amitié roumano-chinoise „ En moins de 2 minutes nous quittons l'ambassade et partons, dans une colonne de voitures, vers la Maison de l'Amitié des Peuples, sans attendre tout le monde (certains vont même se perdre) !
La nourriture, posée sur une longue table au milieu de la salle, n'était pas très bonne, en tout cas loin de ce que nous avons mangé au Canard laqué. Autrement, tout était un peu ennuyeux : entre 18h00 et 19h00, divers discours: du côté roumain, l'ambassadeur, bien sûr, du côté chinois, un vice-premier quelque chose.
Entre 19h et 20h, alors qu'une jeune fille chantait des chansons roumaines traduites en chinois ("Mama'i dusa 'n sat cu dorul" etc...), sur un signe fait par je ne sais pas qui, les "invités" se sont précipités vers la table du milieu pour remplir leurs assiettes ... Mais même alors, ils ne pouvaient pas manger tranquillement car l'ambassadeur et l'invité de marque chinois (qui était-il ?) voulaient serrer la main de chacun d’entre nous.
24 août : encore un voyage au Temple du Ciel, avec une pluie torrentielle regardée de l’intérieur d'un des pavillons. "On était en plein dedans", pour ainsi dire”: „Le Rêve dans le pavillon rouge”.
Le parc du Temple du Ciel est magnifique, les bâtiments aux toits bleus symbolisant le ciel, aux noms poétiques, comme les Chinois ont l’habitude de donner, sont magnifiques : la salle de prière pour l'abondance des récoltes, La Demeure du seigneur du Ciel, le palais de l’abstinence, l'administration de la musique divine, le temple de la voûte céleste impériale...
Et le mur d'écho dans un bâtiment rond de 60 m de diamètre, où chacun écoute les murmures de ceux qui sont placés dans un endroit le plus éloigné possible. Je me demande si le mur aux propriétés similaires à Chaise Dieu, en France, a été construit avant ou après !
Apogée de l'architecture traditionnelle chinoise, les couleurs, les formes, les sons et la position des bâtiments sont représentatifs de la cosmologie chinoise, la conception complexe de l'univers qui détermine leur identité culturelle. D’ailleurs, Le Temple du Ciel est l'un des plus célèbres monuments de Pékin, étape incontournable dans n’importe quel voyage qui se respecte !
Après la visite du temple, pour oublier l’orage, nous avons bu une bière mémorable (toujours de la bière, car c'est la seule boisson bon marché et peu alcoolisée que l'on puisse avoir) dans une de ces boutiques pleines d'objets inestimables, parmi des paravents sculptés, avec ivoire, nacre, corail, sans prix affiché parce que trop grand, avec des vendeurs qui buvaient leur thé assis sur d'immenses tapis persans, en pure laine et tissés à la main, bien sûr...
Encore une fois, comme en 79 à Pékin, j'ai un rhume. Sauf qu’à l’époque c'était l'automne et il faisait froid. Maintenant, après les 18 degrés voir moins dans la salle d’informatique, sortir dehors à 38° voire plus, en tout cas, une chaleur intense, avec des boules comme de coton dans l'air (phénomène pékinois) instantanément tous les vêtements se mouillent comme si je les avais laissés sous la douche. Résultat: un rhume..
Mais comme à l’époque, cette fois non plus le rhume ne m'a pas empêché de poursuivre mon programme. Ni le programme des cours, ni celui d’excursions.
Ainsi, un jour, enrhumée et par une chaleur qui dépassait peut être les 40°, je visitais un parc (Taoran, 陶然亭公园) ce qui m'a tout simplement agacé. En fait, pas tellement le parc, qui comme d'habitude était non seulement magnifique mais aussi avec de nombreux pavillons très intéressants. Mais le rhume, la chaleur intense des premières heures après le déjeuner, et surtout l'obstination de mes collègues de marcher exactement dans une allée en plein soleil, alors qu'au bord du lac il y aurait eu quelques arbres et un peu d'ombre et même peut être une petite brise..
On montait vers des pavillons, vers un monastère fermé (?), puis un pavillon rond en haut d'une colline (ça m’a paru le comble !) après on traversait des ponts, moi, frappée à la tête par le soleil, seul au bord du lac, j’ai vu d’un coup des gars dans un bateau me faire signe d'aller avec eux...
Je n'arrivais pas à croire ! Je demande à mes collègues "c’est moi qu’ils appellent ces gars-là?" » A quoi Viorel Savescu „des voyous Pékinois »... (un garçon très intelligent et plein d'humour : pendant les trois mois de stage il s’est proposé d'apprendre le chinois et le Mahjong. Ces jours-ci je l’ai retrouvé à l’aide de linkedin et il m’a dit qu’il a renoncé en faveur du karaté : plus utile !).
Et à propos des « voyous pékinois », le soir, autour de l'ambassade, mais surtout vis-à-vis, dans le parc Ritan, de nombreux couples s'enlaçaient devant tout le monde ! Des policiers les cherchaient avec des lampes sous les buissons.
Il y avait aussi d'innombrables Chinois avec des lampes de poche sur le front essayant d'attraper des cigales. Je pensais qu'il les mangeait, mais non, j'ai découvert que c'est la grande mode des concours de cafards !
Quant à nous, les informaticiens roumains, nous préférions manger au restaurant du parc des Jiaozi ou Xiao Long Bao avec se la sauce chili, arrosés par de la bière pour faire passer le piquant.
Par pure curiosité, nous avons également voulu visiter le Palais des Nationalités. Exposition de photos commerciales, femmes chinoises vêtues de soie, mecs en positions Tchai Ge... De très bonnes photos, mais je remarque les jambes des femmes chinoises, un peu courtes et un peu déformées... Je peux dire ceci, étant donné que les miens ne sont pas meilleurs !
Une autre exposition avec des objets de et pour le Grand Nord.
A noter les groupes de Chinois assis en cercle, au sol, écoutant attentivement les différentes explications aux musées de Pékin.
Et concernant le but évidemment pédagogique des visites chinoises dans les musées, l'éducation se poursuivait aussi en accéléré à la télévision chinoise : éducation morale et civique (voleurs punis, voire condamnations à mort télévisées), mais surtout éducation culturelle et scientifique : Fortran, Basic, langage d'assemblage, etc... Français et Anglais, etc... Plus tard, j'ai découvert que chaque année, ils envoyaient 20 000 étudiants aux États-Unis pour faire des études dans les grandes universités. Toutes sortes d'études, pour ainsi dire, payés par l’état chinois!
Le grand bond en avant qu'aurait voulu Mao... Seulement il l'a fait à sa façon, faisant fondre les marmites des gens pour faire... de la métallurgie.. Là, le grand bond en avant c’était pour de bon! Et ça aller se voir! Etonnamment vite !
Enfin, le dernier dimanche à Pékin.
Une splendide visite d'adieu au Palais d'Eté et aux Collines Parfumées !
Je commence par le jardin de Jichang, que je ne me lasse pas de visiter, le bien nommé jardin des Plaisirs Harmonieux, Xiequ, (者趣园),
puis, en courant, tout droit jusqu'au temple aux nombreux Bouddhas, le temple des Quatre Grandes Régions, Sìdàbùzhōu (四大部洲), avec une vue magnifique sur la pagode de porcelaine,
vue d’assez loin pour ne pas remarquer les statues de Bouddha détruites, puis montée des escaliers, vers le lac, mais pour éviter la foule, on prend le chemin direct parmi les rochers, vers la gauche, traversant quelques endroits encore inexplorés mais absolument magnifiques : parois rocheuses escarpées, tunnels, couloirs, grottes, de temps en temps pavillons et cours intérieures...
Tout en courant car nous n'avions qu'une heure à notre disposition...
Nous atteignons le temple Wofosi avec le Bouddha endormi,
puis de nouveau en courant vers le Temple Biyun, des Nuages d'Azur, vers le pavillon avec la statue de Sun Yat Sen,
nous courons entre les pavillons, en montant les escaliers, vers la Pagode Vajrasana , auquel Puiu et moi, en voyant les cinq pagodes blanches, nous nous rappelons Geamia à Constanta, même si maintenant je ne comprends pas vraiment pourquoi... Nous descendons toujours en courant, nous entrons par la porte nord (en fait porte est numéro 1 sur la carte google map) dans le Parc de Collines Parfumés et nous allons seulement jusqu'à la pagode de verre (Xiāngshān Liúlí Tǎ) décorée de tuiles vernissées dans les tons de jaune, vert, violet et bleu, après quoi nous nous dépêchons de rejoindre l'hôtel où nous sommes attendus pour le banquet organisé pour mon départ.
Et nous sommes arrivés à temps : j'essaie maintenant de refaire le parcours avec google.map. Impossible. Entre-temps, de nombreuses constructions sont apparues, dont une autoroute, la 5e Ring Road - l'autoroute municipale qui séparait le palais d'été des Collines Parfumées. Mais comme en 1979, en 1983, nous pouvions encore passer directement des pavillons du parc Xiangshan, litt. "Jardin public des collines parfumées", au nouveau palais d'été, Yihéyuán, litt. "Jardin de l'Harmonie Préservée" et vice versa.
L'hôtel, récemment inauguré à l’époque de mon banquet, construit par l'architecte américain d'origine chinoise Ieoh Ming Pei, le même architecte qui a conçu plus tard la pyramide du Louvre, est un bâtiment pas très haut, d'une élégante simplicité, qui combine des éléments architecturaux modernes avec celles traditionnelles de l'architecture classique chinoise, de sorte qu'au final il puisse s’intégrer harmonieusement dans l'environnement.
Les murs blancs, les arbres environnants, les tapis épais où les pieds se perdent et les fenêtres enfumées, le hall d'entrée avec ses tables basses et ses fauteuils profonds, les jardins témoignant de l’art chinois du jardinage, avec le lac plein de lotus et les roches soigneusement choisies, agencées selon la tradition (210 tonnes de roches apportés du sud de la Chine, nous dit-on ) …
Ici je fais la pimbêche dans le hall de l'hotel avant d'aller au dejeuner!
Lac, ponts, rochers, cascades, silence... Un superbe hôtel de luxe dans un parc impérial...
Malheureusement, je lis maintenant sur Internet que l'hôtel est plus ou moins délaissé, les chinois préférant entre-temps un style plus "tape-à-l'œil" occidental.
En ce qui me concerne, l'hôtel Jianguo, près de l'Amitié, par exemple, me semble déjà bien plus banal, malgré les jardins intérieurs et les fontaines artésiennes, les lumières voilées et la multitude d'arrangements floraux, ou le piano où quelqu'un joue toujours, Mozart, Bach, etc... Quant au nouvel hôtel "Great Wall", s'il m'a simplement laissé sans voix, il m'a semblé spectaculaire, mais un peu kitsch et trop chargé : un vrai état d'esprit, comme si l'architecte avait veillé à ce qu'il n’y manque rien .
Pour en revenir à mon banquet "d'adieu", au restaurant chinois de l'hôtel "Fragrant Hill", il était tout simplement excellent !
D'ailleurs, de ce point de vue, le centre informatique agricole, où je travaillais pendant ce stage, était toujours au top : déjà, les deux banquets "officiels", le banquet au Canard Laqué, ou ce dernier banquet au restaurant avec je ne sais pas combien d'étoiles de Fragrant Hills (pommes dans du sucre caramélisé, à tomber : je vais essayer de les reproduire à la maison) mais aussi la nourriture de tous les jours au déjeuner (inclus dans le contrat) laquelle était toujours très très bonne, avec des chefs qui ont fait un stage en Roumanie pour essayer d'adapter la cuisine chinoise à nos goûts des barbares roumains. (ah, les crevettes panés !!!)
Une seule fois, ils nous ont servi un ragoût de vers à soie (ou du moins c'est ce qu'il semblait être).
Seuls les garçons ont mangé et bien qu'ils aient admis que le goût était bon, ils ont eu des problèmes de digestion plusieurs jours : preuve que le psychisme est toujours important...
Et en parlant du 23 août, dans le temple que j'ai visité alors il y avait beaucoup de bouddhas ou bodhisattvas de couleur, dont l'un, marron, avec une croix gammée sur la poitrine.
Mais rassurez-vous, il n'était pas fasciste : la croix gammée est un ancien symbole de l'Inde repris par le bouddhisme. C’est un symbole de bon augure et de bonheur, ainsi que de durée, de stabilité et de permanence.
Conclusion:
A propos de l'évolution du peuple chinois ami, rien à dire, le changement est déjà flagrant : un vrai « bond en avant » !
A commencer par le nouvel aéroport et l'autoroute vers Pékin, les innombrables (déjà) immeubles d'appartements et autres hôtels, les ponts, les autoroutes, etc.
Mais ce n'est pas le changement le plus important. Ils ne sont plus impressionnés par nous, les Roumains, bien que polis, il n'y a plus l'ambiance conviviale du '79.
A Friendship ils sont presque malpolis, idem au Centre de Calcul, quelques-uns, parfois...
Dans les rues, des bisous, des hello, ce qui était inimaginable auparavant.
Bien sûr, les cours TV continus ont donné des résultats : beaucoup de gens parlent déjà bien l’anglais.
Seules les personnes âgées gardent quelque chose de l'ancien air. Les autres sont devenus soudainement beaucoup plus indépendants.
Ils s'embrassaient dans les parcs et même plus : comme je le disais plus haut, des policiers les cherchaient avec leurs lampes de poche à travers les buissons... (ben oui, ils n’ont pas le choix, sinon, car les maisons sont petits et surpeuplées et dans les champs ils utilisent les contenus de WC comme engrais… dixit Puiu)
Ils ont l'air plus heureux, plus ouverts, je n'avais plus le sentiment de peur, même pas quand je me promenais seule dans leurs hutongs.
De toute évidence, ceux de Pékin se sont déjà habitués aux étrangers. Moins, pour l'instant, en périphérie : au Palais d'Eté, par exemple, à un moment donné, étant seule, j'ai ressenti à nouveau ces regards insistants et pas forcément bienveillants.
Il y avait déjà des filles et des garçons en blue jeans, évidemment des trafiquants ou des voyous etc...
Quant à la saleté, elle semble être encore pire qu'en 79 : cette fois je n'ai jamais vu des balayeurs avec des masques sur le visage et des gants blancs, mais plutôt des Chinois qui crachaient partout, je voulais une taxe plus élevée au Palais Impérial, afin qu'il n'y a pas tellement de monde et que soit un peu plus propre...
A travers tous les parcs, dans les plus beaux coins, tu peux tomber sur une merde..
Ils jettent des ordures, des papiers partout, je les ai vus sales dans les bus, les pieds noirs de crasse, mais ils ne sentent pas la sueur parce qu'ils ne transpirent pas...
Après tout, on peut se demander où diable ils se lavent, ou ils font laver leurs affaires dans leurs petites pavillons.
En 79, on m'a dit que le lavage était une obligation, quiconque était sale recevait une amende.
Et qu'il y avait des toilettes communes pour chaque quartier.
Maintenant, Dieu vous en préserve, si vous passez devant des toilettes chinoises !
Je les aime toujours, j'ai joué avec leurs enfants, on a souri, au centre informatique ils se sont cotisé et m'ont offert un service à café en cadeau (la dernière fois le cadeau était officiel : un bel album photo plus un service à thé). .. Mais... ils continuent d'être "cachés", secrets...
Dès le premier jour, je leur ai parlé de „mon frère” Lo et que j'aimerais le rencontrer... Ils ont reporté d’un jour à l’autre et l'avant-dernier jour le directeur m'a dit "pourquoi tu ne me l'as pas dit, j'aurais facilité votre rencontre" … Alors que méiyǒu LO !
La différence entre ma visite en 1979 et celle d'aujourd'hui ?
En ce qui me concerne, maintenant j'avais les yeux davantage tournés vers mes collègues roumains, pas vers les Chinois. Par conséquent, j'étais plus une visiteuse "occidentale" que leur "sœur"...
Mais ce n'était pas nécessairement à cause de moi, mais parce que c'était comme ça.
Déjà, à part les Chinois du hardware, les autres étaient pratiquement indifférents aux applications de l’informatique. Par exemple, à mon cours, un "gamin" qui m'a semblé un peu effronté et qui, au lieu d’être intéressé par le logiciel que je présentais me disait qu'il aimait la musique disco.
Et c'est finalement peut être mieux comme ça, parce que c'était une nouvelle expérience.
Chacune restant ainsi unique.
Si j'aime leur évolution ? Dans un sens, bien sûr que si. Mais autrement, égoïstement, ça m'inquiète: ils sont quand même plus d’un milliard!
En plus, nous, les Roumains, nous ne sommes pas des Américains et maintenant ce ne sont que les Américains qui les font rêver!
Ils nous ont utilisés pour apprendre l'ABC de l'informatique et maintenant, avec quelques connaissances déjà accumulées, ils vont en masse pour pomper les Américains: d'après ce qu'on m'a dit, 20 000 jeunes sont envoyés chaque année pour faire des études en Occident, avec l'argent illimité de l'Etat chinois !
En fait, ça nous rappelle leur histoire, car en 1920, entre beaucoup d’autres jeunes, Deng Xiaoping lui-même a été envoyé à l'âge de 16 ans, en Europe, avec la mission d'apprendre de l'Occident tout ce qui peut sauver la Chine du désastre. L'expérience se répète donc, à une bien plus grande échelle.
Pour le reste, en tout cas en 1979 les conditions étaient différentes : pendant les pauses, les traducteurs étaient assis avec nous, créant ainsi les conditions d'une véritable communication.
Maintenant, un jour j'avais, une autre je n'avais pas de traducteur, plusieurs fois j'ai tenu mes cours en parlant directement aux "étudiants" en anglais, en deux heures groupées, sans pause.
Conclusion : comme avec les étudiants la communication était déjà difficile et comme il n’y avait pas le traducteur qui savait parler le français, je n'avais personne avec qui parler.
La seule fois où nous avons pu parler, c'était au banquet d'adieu. Et nous avons parlé !
Autrement il y avait aussi des petites discussions, sans grande importance, avec les opérateurs, quand on s'apprenait réciproquement à compter, etc...
Sinon, pendant la pause-déjeuner, alors que les autres dormaient, je cherchais parfois une chambre et une chaise pour pouvoir m'asseoir tranquillement et éventuellement fumer... Une fois, un Chinois que j’ai rencontré ainsi m'a expliqué quelques trucs sur leur langue. C’est dire combien les vrais rencontres étaient rares, si je dois signaler celle-ci.
Une autre fois, cependant, alors que je cherchais le directeur, dans un des bureaux, je suis tombé sur un autre directeur avec un groupe d'étrangers... lesquels me semblaient tous chinois, mais différents des autres donc j'ai supposé qu'ils étaient chinois de Hong Kong ou des Chinois d'Amérique.. Je me suis excusé et j'ai fermé la porte, mais le directeur m’a suivi immédiatement et m’a conduit dehors...
J'ai revu ces citoyens au déjeuner, à une table à côté de la nôtre. Ils avaient une nourriture complètement différente. Il serait peut être intéressant de savoir si elle avait plus de valeur, afin de pouvoir mesurer l’importance qui nous était accordé à nous, les Roumains, comparé à eux...
En conclusion, je n'ai pas été aussi impressionné par ce que j'ai vu comme l’autre fois : je me promenais dans le Petit Paris et dans les autres rues, comme à la maison, parfois, ennuyée, je n'avais même pas la patience de faire le tour des boutiques. Pour voir quoi? Et pour quoi faire? Exactement le même sentiment comme à la maison.
Je ne trouvais plus rien de choquant ni d’étrange, je pouvais même être le guide des autres, preuve de combien j'avais été impressionnée par ce que j'avais vu, si après quatre ans je pouvais encore me souvenir avec précision de presque tous les endroits où je suis allé.
Cette fois, tout me semblait du déjà-vu, même familier, parfois je pouvais même me moquer, ou je pouvais éventuellement m'imaginer vivre ici.
Je mémorisais ce que je voyais tout en sachant que je ne peux pas les mémoriser vraiment, même si maintenant, quand j'écris ce journal, j'ai encore tout en tête.
Et le bleu céleste du Temple du Ciel, et les terrasses et les escaliers et l'allée avec plusieurs temples successifs, le mur et la pierre aux propriétés sonores „inexplicables”...
Et le palais d'hiver, avec ce qui reste du trésor impérial, avec les grands rochers de jade dans lesquels sont sculptés avec une habileté et une patience admirables et surtout avec beaucoup de sens esthétique, en utilisant de manière créative les imperfections de la pierre, des montagnes escarpées, des cascades, des pins et des grottes profondes et mystérieuses et sur les rochers, la multitude d'ouvriers qui creusent la pierre, etc... Avec les objets spectaculaires en ivoire, en cristal et surtout en or, avec des vases en porcelaine, bleue, rose, etc...
Encore plus beaux m’ont apparus les objets du Musée d'Histoire et du Palais d'Eté, contrairement au fameux navire de marbre lequel ne m'a pas particulièrement impressionné...
Le jardin des jardins, le parc lui-même, les vues depuis la tour de l'encens bouddhique (佛香阁; 佛香閣; Fóxiānggé), ou depuis la terrasse du pavillon des Quatre Grandes Régions (四大部洲; Sìdàbùzhōu).
Tout le parc du Palais d'été est magnifique, et nous, y compris les Chinois qui le visitent maintenant, nous sommes terriblement incongrus dans ce paysage.
Comme dans le parc de Bei Hai, où j’aurais préféré voir des Chinois en costumes d'époque et des femmes chinoises avec des éventails et des ombrelles. Il me paraît difficile d'imaginer maintenant dans ces lieus tout ce que je sais des anciennes coutumes, avec l'empereur laissé dans une fleur de lotus au milieu de la foule, avec les examens passés par les chinois, etc.
https://www.mplus.org.hk/en/magazine/i-m-peis-ground-breaking-fragrant-hill-hotel-revisited/
http://www.china.org.cn/english/TR-e/42895.htm pagode vajrasana
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13467581.2022.2160206 Hôtel Fragrant Hill
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